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Pourquoi et comment animer un groupe de co-apprenant·es


Il y a quelques années, j’avais créé une association sur l’intuition que je pouvais apprendre ce que je voulais, tant que je le faisais en collectif, avec des partages de pratiques. Cette asso n’a jamais vraiment pris, parce que c’était un de mes (trop) nombreux projets. Et je l’ai longtemps considéré comme un échec.

Plus de douze ans plus tard, je réalise qu’elle était une ébauche de ce que j’avais envie de créer.

Car aujourd’hui, que ce soit pour transmettre ou pour apprendre, je vois à quel point les groupes de co-apprenant·es sont incontournables.

Après une session de formation, le plus difficile, lorsqu’on retourne dans la vraie vie, c’est :

  • L’illusion de maîtrise. Vous avez l’impression de savoir, parce que le sujet en question vous est familier, alors que vous ne le maîtrisez pas encore, faute de répétition
    -> il vous faut donc revoir le sujet, plusieurs fois
  • La difficulté de revenir dans le sujet s’il n’est pas déjà une priorité dans votre quotidien professionnel. Oui, un peu comme le sport si vous n’aimez pas ça
    -> il vous faut un engagement, un rendez-vous, des jalons
  • La sensation de tourner en boucle parce que seul·e, vous ne découvrez plus grand chose de nouveau
    -> il vous faut de nouvelles ressources, de nouvelles stimulations

En somme, vous avez besoin des autres humain·es.

Co-apprenant·es, learning buddies, groupe de soutien ou pair·es apprenant·es, quels sont les mots que vous utilisez pour désigner les personnes avec qui vous apprenez ?

À titre individuel, j’ai suivi de nombreuses formations, et à chaque fois, que ce soit officiel ou non, je garde contact avec certaines personnes, pour continuer à échanger sur ce qu’on a appris, sur nos erreurs et sur nos petites victoires, et aussi pour explorer ce qu’on ne sait pas encore.

Certains de ces groupes n’existent plus, certains ont évolué. Des personnes sont parties. Parfois, par affinité, j’échange avec certaines personnes en message privé. Il n’y a pas vraiment de règle, mais je sais que grâce à mes co-apprenant·es, j’ai exploité au maximum les possibilités d’ancrage, d’expérimentation et d'exploration.

En matière d’inclusivité, il y a une particularité.

Vous n’avez pas besoin de matériel, ni d’occasion spéciale.

Demander des nouvelles, partager une anecdote, commenter une actualité, tout est opportunité pour questionner notre perception du monde. Tout est opportunité pour être moins excluant·e. La matière ne manque pas.

Donc, pour continuer à travailler votre inclusivité, il suffit de créer un groupe de discussion.

MAIS pas n’importe comment.

Justement parce qu’il s’agit d’inclusion, il est important de cadrer cette démarche.

Je vous propose donc 5 questions à vous poser, pour mieux constituer et animer votre groupe de pair·es.

  1. Quel est l’objectif de ce groupe ? Y a-t-il une fin ? Y a-t-il des jalons ?
  2. Qui choisir comme co-apprenant·es ?
  3. Combien de personnes dans le groupe ?
  4. Quelles sont les règles de ce groupe ? Quel est le cadre de fonctionnement ?
  5. Quelle gestion des désaccords ou des conflits ?

1. Quel est l’objectif de ce groupe ? Y a-t-il une fin ? Y a-t-il des jalons ?

Cela va paraître inutile, mais prenez 15 minutes, si possible de vive voix, pour énoncer ce qui vous paraît évident : Qu'attendez-vous de ce groupe ?

Vous serez surpris·e par la diversité des attentes.

On dit de certains groupes qu’ils “meurent”, mais tout simplement parce qu’ils ont rempli leur mission, ou parce que la mayonnaise n’a jamais pris entre les membres.

Pour que cela fonctionne, définissez si, à l'atteinte d'un objectif commun, vous fêtez cela ensemble. Ou alors, vous fermez le groupe. Et c'est ok.

2. Qui choisir comme co-apprenant·es ?

Les meilleures personnes ne sont pas nécessairement celles avec qui vous vous entendez le mieux. Les co-apprenant·es n’ont pas besoin d’être vos ami·es pour la vie, mais des personnes qui ont la même motivation et appétence que vous à poursuivre l’apprentissage.

Une bonne entente est cependant recommandée, après tout, si on peut apprendre dans la joie, pourquoi s'en priver.

3. Combien de personnes dans le groupe ?

Comme pour tout projet, je réponds toujours : pas plus de 8.

Ce n’est absolument pas une règle, c’est simplement parce que j’aime le chiffre 8 par tradition chinoise, et parce que généralement, on dit que la meilleure équipe projet c’est celle qui peut se partager une pizza.

Je ne sais pas vous, mais partager une pizza en 8 c’est déjà assez challenge.

Il faut savoir qu'en binôme, il peut y avoir des moments où vous serez motivé·e et l'autre non, et inversement. Donc risque de périodes de désynchronisation.

En grand groupe, certaines personnes auront du mal à prendre leur place, ou à oser se tromper, à donner leur opinion.

Prenez en compte votre manière optimale d’échanger avec les gens. Êtes-vous plus à l’aise en binôme ? En groupe ?

Si vous ne savez pas, alors testez !

4. Quelles sont les règles de ce groupe ? Quel est le cadre de fonctionnement ?

Cela peut paraître procédurier, mais je vous recommande de mettre en place un cadre de fonctionnement, même si vous connaissez bien les personnes, même si les choses paraissent évidentes.

En matière d’inclusivité, vous allez explorer les limites dans vos représentations, émettre des critiques sur des comportements, et éventuellement traverser des désaccords.

Créer un espace réservé à ce sujet est essentiel pour protéger vos relations avec les autres.

Définissez par exemple, s’il s’agit d’un groupe WhatsApp, un créneau horaire pendant lequel les messages peuvent être envoyés, ou alors actez d’un commun accord que le groupe sera mis en silencieux pour tout le monde.

Cela permet de respecter le rythme de chaque membre.

Avant de lancer un sujet potentiellement sensible ou douloureux pour certaines personnes (on ne connaît pas les histoires personnelles de tout le monde), cela peut être utile d’annoncer le sujet, et laisser la possibilité à chaque personne d’accepter la discussion, ou non.

Vous pouvez aussi utiliser des cadres existants ou en créer un vous-mêmes. En introduction de toutes mes interventions, je propose un cadre d’engagement, que j’applique à moi-même et que je propose à tout le monde. Si ce cadre vous intéresse, faites-moi signe en retour et je vous la partagerai.

5. Quelle gestion des désaccords ou des conflits ?

Dans la théorie de la dynamique des groupes, il est dit qu’après une première phase de constitution, où les membres sont dans le consensus, vient la phase de tension, avant de pouvoir passer à la normalisation, la production et la dissolution.

Cela signifie que, si vous participez à une formation courte (1 ou 2 jours), il est rare que votre groupe atteigne la phase de tension. Elle peut survenir plus tard, lorsque vous poursuivez votre objectif d’apprentissage entre pair·es.

Dans tous les cas, sous une forme ou une autre, il y aura des désaccords entre les membres de ce groupe. Il est important de savoir quoi faire, avant que cela n’arrive.

Il y a des actions simples à mettre en place, comme le fait de ne pas continuer des échanges écrits lorsqu’il y a conflit, mais de s’appeler pour en parler.

S’il y a conflit entre 2 personnes, il est important de pouvoir tenir les autres au courant. Sans leur donner un compte-rendu détaillé, mettre des mots sur un conflit aide le groupe à mûrir.

Avez-vous un groupe de pair·es avec qui vous apprenez ? Aimeriez-vous en créer un ? Avez-vous de bonnes ou de mauvaises expériences à me partager sur les groupes de pair·es ?

Et hop on se retrouve dans 2 semaines. En attendant, échangeons nos idées par email ou sur Linkedin !

Juliette Phuong


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