Oups j’ai fait une microagression
Kit de rafistolage en cas de microagressions (de votre part)
Bonjour Reader !
Aujourd’hui, je vous parle de stickers, de rafistolage et de tricot.
Toujours en lien avec l’inclusivité et le monde du travail.
Avec la fin d'année, je vois souvent apparaître les kits de survie pour les fêtes. L'objectif est d'aider les personnes à surmonter les interactions non choisies, parfois ouvertement hostiles, souvent involontairement oppressives.
J'ai eu envie d'adresser un kit de rafistolage pour les personnes qui, comme moi, savent que les comportements oppressifs peuvent aussi venir de nous, les gens bien :)
Le voici, en version texte dans cette newsletter. Il sera publié ces prochains jours en version carrousel sur Linkedin et Instagram.
Le mois dernier, j’avais testé la version audio de la newsletter et j’ai eu de bons retours de votre part. Je vais donc travailler sur ce sujet, pour janvier ou février, le temps de trouver une solution technique plus pratique.
Ceci est la dernière newsletter de l’année, on se retrouvera ensuite le 13 janvier 2026. On sera en plein dans le parcours des 5 jours pour comprendre les microagressions, je vous en parle tout de suite.
Infos pratiques
Du 19 décembre 2025 au 7 janvier 2026, je serai en congés et non joignable.
Mon agenda pour des rendez-vous café reste ouvert !
Au sommaire de cette Blendletter :
- Parcours 5 jours pour comprendre les microagressions
- Kit de rafistolage en cas de microagressions
- Ma sélection de choses lues / vues
Keskondit ?
On ne change pas le monde avec 1 sticker.
Mais un mot après l’autre, on peut essayer.
Lorsque j’étais enfant, je collectionnais les timbres et les stickers (autocollants).
Ces petits objets me fascinent par leur pouvoir de communication.
Sur cette toute petite surface, on peut communiquer beaucoup de choses. C’est un exercice de synthèse et de graphisme très exigeant. Ce sont aussi des objets qu’on partage, qu’on montre avec fierté.
Les messages sur les stickers disent quelque chose de nous.
Ils disent ce qui compte pour nous, ce qui nous fait rire, ce qui nous révolte.
Pour clôturer ma 9e année d’entreprenariat, j’ai travaillé avec Laurine Lemahieu de Nova Pinte, pour sortir une série limitée de stickers pour Vu merci.
Je voudrais sensibiliser sur l'importance des mots du quotidien, ceux qui renforcent des stéréotypes, et qui permettent les discriminations, comme les :
- blagues sexistes
- clichés racistes
- expressions psychophobes
Cela me convient beaucoup mieux que des cartes de visites, et si nous échangeons du courrier postal ces prochaines semaines, vous risquez de les trouver dans l'enveloppe.
Et comme un bon sticker appelle à l’action, j’ai créé un parcours de sensibilisation pour comprendre les microagressions.
Du 12 au 16 janvier 2026, suivez le parcours en 5 jours pour comprendre les microagressions.
C’est gratuit, sur inscription.
Vous recevrez maximum 10 emails de ma part, parce que l’idée n’est pas de vous spammer.
Kit de rafistolage en cas de microagression (de votre part)
Cela partait d’une bonne intention mais vous vous n’auriez pas dû.
Vous avez tenu un propos ou un comportement qui relève de la microagression.
Vous le saviez, mais c’est sorti tout seul.
Maintenant vous ne savez pas quoi faire pour rattraper la situation.
De quoi parle-t-on ?
Les situations fréquentes
- J’ai touché les cheveux d’une personne noire
- J’ai dit “tu viens d’où ?”
- J’ai dit à une personne “tu ne fais pas ton âge”
Vous ne vous reconnaissez pas dans la situation ? C’était plus subtile que cela ?
Allez j’ajoute un peu de contexte.
- J’ai rencontré la sœur d’une amie en soirée. Mon amie a toujours eu les cheveux lissés, et sa sœur a les cheveux crépus. J’ai adoré sa coupe et j’ai touché ses cheveux car j’étais admirative et curieuse de la texture.
- Je rencontre la nouvelle compagne de mon cousin. Elle semble asiatique mais je n’arrive pas à identifier son pays d’origine. J'ai eu envie d’en savoir plus sur elle, je lui demande : “tu viens d’où ?”
- Je découvre au détour d’une conversation que ma collègue a 56 ans. Je lui dis “Tu ne les fais pas du tout !”
C'est quoi au juste une microagression ?
C’est un propos ou un comportement banalisé, dirigé envers une personne ou un groupe minorisé, qui véhicule des messages péjoratifs ou négatifs, souvent de façon involontaire.
C’est d’autant plus un outil d’oppression du quotidien :
- que les auteurices ne se rendent pas compte de l’impact tout en entretenant les préjugés
- que les victimes ne peuvent pas réagir facilement, sans coût social
C’est la double peine pour les personnes qui vivent ces microagressions.
Elles subissent mais doivent aussi faire bonne figure.
Pour rappel, la personne autrice peut être de n’importe quelle origine, nationalité ou genre.
Pour comprendre les microagressions avec un peu plus de finesse, inscrivez-vous au parcours 5 jours qui aura lieu à partir du 12 janvier
Que faire ?
Idéalement je recommande au moins ces 3 étapes, mais ce n’est pas une recette de cuisine qui garantit de s'en sortir indemme, on fait comme on peut. L’important, c’est de comprendre où vous en êtes, et ce que vous êtes en train de faire.
- Reconnaître le moment
- Présenter des excuses, sans rien attendre
- S’engager à ne pas recommencer
Kit de rafistolage en 3 étapes
1. Rendre visible le moment
Faites exister votre microagression, même si c’est inconfortable pour vous.
Pourquoi cette étape est importante ?
L’une des caractéristiques des microagressions, c’est qu’elles passent inaperçues pour une majorité de personnes. C’est invisible.
Vous savez que ce n’est pas ok, rendez ce moment visible, pour la personne qui reçoit la microagression, et pour vous. N’essayez pas de le glisser sous le tapis
Inutile d'en faire un pataquès pour autant.
Vous jeter au sol pour vous excuser platement, ça jette aussi un froid.
Rappelez-vous, la microagression, c’est un propos banalisé, que beaucoup de personnes ne questionnent pas.
Il s'agit donc de trouver une réponse mesurée et adaptée.
Que dire, que faire ?
Vous n’êtes pas obligé·e de qualifier très précisément, ni d’analyser finement. Votre propos a pu être oppressif sur plusieurs aspects (sexistes, racistes etc.) Le but n’est pas de faire une explication de texte.
Il s’agit de rendre visible.
Voici quelques alternatives pour dire qu'un propos ou comportement est "pas ok" :
- pas ok (voilà voilà)
- inapproprié
- déplacé
- mal choisi
- hors de propos
- maladroit
- pas nécessaire (c'est mou, mais c'est mieux que rien)
Parfois, vous ne pouvez pas parler, par exemple si la conversation est passée à autre chose et que vous ne pouvez pas revenir en arrière. En pratique, on peut toujours, mais faisons simple pour aujourd'hui.
Dans ce cas, croisez le regard de la personne pour voir ce qui se passe pour elle. Ou retournez la voir le plus rapidement possible pour en parler brièvement avec elle.
2. Présenter des excuses, sans attendre le pardon ni les explications
Vous vous dites que cela devrait être la 1e étape, sinon la seule ?
A vous d’en juger, mais je pense que des excuses sincères qui ont pour unique objectif d’obtenir le pardon peuvent être pires, car centrées sur vos besoins, et non tournées vers la personne concernée par la microagression.
En tout cas, si vous présentez des excuses ou si vous exprimez des regrets, n’attendez pas que la personne vous pardonne avec un grand sourire en effaçant l’ardoise.
Ne demandez pas non plus d'explications, sous prétexte que vous voulez vous améliorer.
Ce n’est pas à elle de faire le taff, c’est à vous.
3. S’engager à cesser
Pourquoi cette étape est importante ?
Si vous voulez créer un lien de confiance avec une personne, et que vous la blessez, engagez-vous à ne pas recommencer dans vos prochaines interactions.
Que dire ?
“Je ne le ferai plus”
“Je ferai attention à ne pas recommencer”
"J'apprends à changer mes habitudes"
On met en pratique ?
Pour la situation 1, vous avez touché les cheveux d’une personne noire.
Si on reprend les 3 étapes, cela donnerait :
- “J’ai touché tes cheveux, c’est déplacé” -> rendre visible le moment
- “Je regrette de l’avoir fait” -> présenter des excuses ou exprimer des regrets
- “Je ne recommencerai plus” -> s’engager à cesser
Pour la situation 2, vous avez demandé les origines d'une personne racisée.
- "Ma question n'était pas nécessaire pour mieux te connaître"
- "Je suis désolé·e"
- "Je ne le ferai plus"
Pour la situation 3, vous avez émis dit qu'une personne ne faisait pas son âge.
- "Ma remarque est hors de propos"
- Les excuses ou les regrets ne sont pas indispensables, surtout lorsque la plupart des gens le prennent comme un compliment. En revanche, cela peut avoir un impact sur toute les personnes qui vous écoutent.
- "J'arrête de commenter l'âge et le physique des gens" -> là, j'introduis un peu d'analyse, mais ça reste factuel.
Les "don't", ou les trucs à ne pas faire
Parmi les fausses bonnes idées, je vous cite les plus courantes :
- CTL+Z (annuler) : “Je retire ce que j’ai dit”
- Demander des explications : "Pourquoi ça te met en colère ? Tu peux m'expliquer pour que je comprenne ton point de vue ?"
- Renvoyer la responsabilité : "Je ne savais pas que tu étais si sensible"
- Banaliser : "Ce n'est vraiment que juste une blague"
- Se justifier : "C’est parce que ma belle-soeur est asiatique que je me permets de dire ça"
Rappelons-nous l'essentiel, il ne s’agit pas de vous ici, vous qui émettez la microagression. Il s'agit de la personne qui a reçu la microagression. Votre objectif, c'est de rendre visible votre "bourde" pour lui permettre de s'en saisir, de sortir de la sidération et de mettre des mots sur la situation.
Ce kit de rafistolage relève d'un support de discussion.
Vous pouvez vous en servir pour en parler entre collègues, avec toujours la précaution de ne pas demander aux personnes concernées de vous former.
Pour vous former, il y a des professionnel·les, dont moi !
Ma sélection mensuelle de ressources lues et vues
Même sous couvert d’humour, la cour de Cassation durcit le ton face aux propos sexistes et racistes. Une DRH de mon réseau a réagi sur une de mes publications récentes sur Linkedin, en partageant cette décision de la cour de Cassation, datée de novembre 2025.
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- qui a le pouvoir de décision dans une entreprise ?
- qui a le pouvoir d’influencer des comportements ?
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