☕​ Les mascus et le continuum des violences


Les mascus et le continuum des violences

Bonjour Reader, cette newsletter continue de s'améliorer. Je démarre avec une mini-revue de presse et je poursuis avec mon retour sur le documentaire "Mascus : les hommes qui détestent les femmes", sur France TV.

Lu/vu cette semaine

Partout dans le monde, chez les moins de 30 ans, les femmes sont de plus en plus progressistes, les hommes de plus en plus conservateurs. Voici un résumé par Fraiches sur Instagram si vous n’accédez pas à l’article du monde

Au Japon, les ramens sont considérés comme un plat d’hommes, les femmes doivent s’organiser pour réclamer leur droit de manger des ramens.

L’inclusion ce n’est pas seulement prendre des soins des personnes présentes, mais aussi se demander pourquoi les autres ne viennent pas. Exemple avec les salles de sport.

La notion de la semaine : le continuum des violences

Ce weekend, j’ai regardé le documentaire sur les masculinistes, sur France TV.

Et j’ai eu envie de vous parler de continuum de violences.

Je vous explique le rapport.

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Déjà, est-ce que je recommande le documentaire ?

Oui, mais je trouve qu’il est trop simpliste par moments, et que cela m'empêche de le recommander sans faire tout un blabla autour.

« Les femmes te manipulent », « Comment avoir les couilles du mâle alpha ? », « Sois dur et exigeant avec les femmes »… Ces vidéos aux titres provocateurs cartonnent sur les réseaux sociaux et cumulent des centaines de milliers de vues. Sous la forme d’une cyber-enquête, ce documentaire vise à décrypter la manosphère et à en montrer les dangers. Notre journaliste, Pierre Gault, s’est « infiltré » dans les forums, groupes Telegram ou WhatsApp et conversations privées. Banalisation des agressions sexuelles, appels au viol, propos misogynes mais aussi racistes, harcèlements… sa plongée au cœur des communautés masculinistes est vertigineuse et révèle une culture de la haine des femmes.

La description est fidèle, mais elle ne concerne que 30 minutes des 50 minutes au total.

C'est une première partie qui se termine sur une mise en scène un poil surjouée, mais qui a le mérite de mettre des mots sur ce qui n’est pas forcément évident pour tout le monde : les pensées masculinistes sont dangereuses, surtout pour les femmes.

On poursuit avec une partie de 10 minutes sur le témoignage courageux d’un ancien “incel”, ou “involuntary celibate” (célibataire involontaire) et le témoignage de Typhaine D (autrice et comédienne qui a créé la Féminine Universelle https://www.youtube.com/watch?v=v4J3m7VnlS8) qui a vécu le cyberharcèlement.

Même si je ne comprends pas le choix d’avoir mis ces deux témoignages en miroir, l’ancien “incel” n’avait jamais harcelé personne, leurs propos sont importants pour incarner des notions qui pourraient paraître abstraites.

C’est la suite que je trouve dommage.

La dernière partie du documentaire démarre avec cette phrase : “En France, la haine masculiniste n’avait jamais tué. Jusqu’au 29 janvier 2020.”

Alors je peux comprendre le fil du documentaire.

C’est réel et tragique, mais cette illustration vient nourrir l'imaginaire que seuls les personnes insensées passent à l'acte.

Ce documentaire est paru sur la plateforme Slash, qui cible les 18-30 ans. Il y avait probablement un cahier des charges pour que ce soit accessible, pas trop long etc.

Mais justement parce que c’est pour un public de jeunes adultes, j’aurais aimé plus de nuances dans la démonstration. Peut-être aussi une prise de hauteur.

J’ai eu le sentiment, à la fin du documentaire, que les masculinistes constituaient un groupe de personnes à part, à la fois irréels et fascinants, comme des personnages fictifs.

Ce n’est certes pas un documentaire de sensibilisation au sexisme, mais je trouve que ne pas parler de continuum de violence, c’est continuer à alimenter le mythe que les violences sexistes sont commises par des gens extrêmes, des arnaqueurs en ligne, ou des personnes à la santé mentale fragile.

Alors voilà ma wishlist pour que ce documentaire devienne un support pédagogique plus complet :

  • un lien avec le sexisme du quotidien. C’était suggéré, avec une petite partie sur les coachs de drague, mais je pense que c’était trop rapidement survolé, pas assez formalisé.
  • la mention des violences et harcèlements sexistes et sexuels, avec quelques définitions. Le documentaire l’évoque, notamment avec des extraits de conversations entre mascus qui discutent de techniques de viol, mais cela reste un comportement trop marginal
  • qu’il y ait au moins des chiffres sur les féminicides, pour montrer que la haine des femmes telle qu’exprimée et vendue par les masculinistes ne se manifeste pas uniquement par des meurtres sanglants et venant de personnes caricaturales.


Le continuum des violences

Le continuum des violences est un concept élaboré par la sociologue britannique Liz Kelly,en 1987.

C’est un concept qui est toujours utilisé en formation et sensibilisation aujourd’hui, souvent sous forme d’une pyramide ou d’une mesure, comme le violentomètre.

Il a pour objectif de prendre en compte toutes les formes de violences, sans les hiérarchiser, et met en évidence le lien entre ces violences.

Évidemment, il n’est pas question de dire qu’une blague sexiste c’est la même chose qu’un féminicide.

  • Il s’agit de ne pas dire à une personne qui s'exprime sur une violence : “oh ça va, tu aurais pu vivre pire”
  • Il s’agit de comprendre que les violences modélisées au sommet de la pyramide (féminicide) sont possibles parce que les violences à la base sont tolérées.

C’est notamment pour cela que le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes avait choisi comme slogan en 2023 :

« Le sexisme, on ne sait pas toujours comment ça commence, mais on sait comment ça se termine… »
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J'avoue, ça plombe l'ambiance, alors pour vous changer les idées, voici un gif de chat.

Oui j'ai promis l'optimisme mais parfois je fais avec ce que je peux.

À mardi prochain !

Juliette Phuong


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